HUMIDITé EN INTéRIEUR : ATTENTION à SA SANTé

Un logement sur cinq serait touché par l'humidité, ce fléau qui favorise l'apparition de nombreuses maladies respiratoires. Comment s'en sortir ? Explications. Dans une maison ou un appartement, on …

Dans une maison ou un appartement, on cuisine, on se lave, on respire… ce qui engendre forcément de l'humidité. Ainsi, un adulte émet de 40 à 70 g d'eau par heure, une douche chaude en dégage 200 g, une casserole en ébullition 400 g. Or il faut savoir qu'à l'intérieur, le degré d'hygrométrie doit se situer entre 40 et 60 %. Au-delà, il existe des risques pour la santé, comme l'apparition de douleurs articulaires. Mais ce n'est pas tout…

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Des microchampignons sources d'inflammations

« Un taux d'humidité trop élevé favorise la multiplication de bactéries, de virus, d'acariens responsables de pathologies respiratoires. Mais il faut surtout craindre le développement de champignons de type Aspergillus, Alternaria, Cladosporium… Citons aussi la mérule, qui s'attaque au bois. Ces microchampignons forment des moisissures et tous libèrent des spores qui peuvent être inhalées et allergisantes.

Elles provoquent des inflammations ORL et pulmonaires comme les conjonctivites, les rhinites, les bronchites ou les pharyngites », prévient le Dr  Frédéric Le Guillou, pneumologue allergologue, président de l'association Santé respiratoire France. Selon une récente étude menée à l'université de Brighton (Royaume-Uni), les jeunes enfants vivant dans des maisons où l'humidité est visible (cloques sur les murs) sont deux fois plus susceptibles d'avoir besoin d'un traitement par inhalation et de corticoïdes pour soulager les symptômes respiratoires.

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Des taches et des odeurs qui doivent alerter

Nous ne vivons pas dans un milieu stérile, et les moisissures sont omniprésentes. « Mais il n'est pas normal qu'elles deviennent visibles sous la forme de taches noires, roses, orangées…, précise Martine Ott, conseillère médicale en environnement intérieur au CHRU de Strasbourg. Si, au total, leur surface dépasse un format A4, on considère que l'invasion est importante. » Avant d'en arriver là, lorsque les joints de la salle de bains changent de couleur, « on les refait ou on les nettoie avec de l'eau de Javel diluée (1 dose pour 9 doses d'eau froide) », conseille la spécialiste.

Le port de gants et d'un masque chirurgical est recommandé pour éviter d'inhaler les spores. « Cependant, il faut être conscient que tous ces gestes, y compris l'utilisation de déshumidificateurs, n'élimineront pas la cause des moisissures », avertit notre interlocutrice. Autres signes qui doivent alerter : une odeur de moisi (provoquée par la libération de composés volatils d'origine fongique) ou le blanchiment de la terre de plantes en pot. En ce qui concerne les symptômes révélateurs d'un taux d'humidité supérieur à la norme, la vigilance s'impose quand les yeux piquent, le nez gratte ou coule, si l'on éternue…

Aération et ventilation sont de mises

Le bon réflexe ? Acquérir une simple station météo pour la modique somme de 10 € dans les magasins d'électroménager. Cela sufft pour mesurer l'hygrométrie de son logement. Quand le résultat est dans le rouge, on passe à l'action ! « Par principe, on évacue l'humidité là où elle se produit », résume Martine Ott. Dans l'idéal, nous devrions systématiquement ouvrir la fenêtre et fermer la porte le temps de se laver ou de cuisiner. L'important est d'éviter la formation de buée sur les vitres et les miroirs. Après une douche, passer une raclette puis un chiffon sur la paroi assainit.

Plus généralement, il faut aérer chaque pièce durant dix minutes, deux fois par jour, de préférence en créant un courant d'air traversant. Si l'aération renouvelle l'atmosphère, la ventilation extrait la vapeur et les polluants accumulés. L'un n'excluant pas l'autre, on installe donc un système de ventilation, désormais obligatoire en l'absence de fenêtre, dans la salle de bains et dans la cuisine. Et, surtout, on l'entretient pour son bon fonctionnement en dépoussiérant régulièrement les entrées d'air telles que les grilles et les réglettes intégrées aux fenêtres, en nettoyant les bouches d'extraction (après les avoir déclipsées) à l'eau savonneuse et en faisant intervenir un professionnel tous les trois ans pour vérifier cette VMC (ventilation mécanique contrôlée, coordonnées sur france-renov.gouv.fr).

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Mieux vaut prévenir...

Inutile d'attendre l'apparition de moisissures et de symptômes respiratoires pour agir ! Première habitude à adopter pour maintenir un bon taux d'humidité : la température du logement doit se situer entre 18 et 22 °C si possible toute l'année. Ce niveau doit être maintenu en continu pour limiter les phénomènes de condensation provoqués par le choc du chaud et du froid. Si le chauffage est réglé différemment entre les périodes de « confort » (le week-end, quand toute la famille est à la maison) et les autres (la nuit et en semaine, quand chacun travaille), l'écart de température sera de 3 °C au maximum. Une fausse bonne idée circule : éteindre la chaudière au profit d'un chauffage à pétrole. C'est à proscrire ! « Ces machines, en plus de ne pas disposer de conduit d'évacuation, dégagent de l'humidité, près de 1 kilo de vapeur pour 1 litre de carburant », indique Martine Ott. Mieux vaut mettre en place les mesures préventives qui fonctionnent.

Ainsi, on ne place aucun meuble le long d'un mur extérieur pour éviter toute source de condensation. Après un lavage du linge en machine, il faut savoir qu'au minimum 2 litres d'eau vont s'évacuer du textile lavé. D'où l'intérêt d'installer le séchoir à l'extérieur ou, à défaut, dans le garage. Impossible ? A l'intérieur, on laisse la fenêtre ouverte pour ventiler au maximum ou l'on utilise un sèche-linge, à condition de choisir un modèle à évacuation qui renvoie l'eau à l'extérieur. Dans la cuisine, on pense à couvrir les casseroles et utiliser la hotte durant toute la cuisson… Enfin, on profite d'une rénovation pour s'assurer que le logement est isolé correctement. Car le secret antihumidité est d'« assurer un équilibre entre le chauffage, l'aération/ventilation et l'isolation », résume Martine Ott.

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Conseils sur ordonnance

Le saviez-vous ? Depuis 2001, il existe un diplôme français de conseiller médical en environnement intérieur (CMEI). Titulaire d'un diplôme interuniversitaire Santé respiratoire et habitat ou Santé environnementale en milieu intérieur, ce professionnel intervient sur prescription médicale pour des patients qui souffrent d'allergies respiratoires. Il se rend à leur domicile, les interroge sur leurs habitudes de vie, procède éventuellement à des prélèvements (de moisissures) et propose des solutions pour limiter les risques sanitaires liés à un taux d'humidité trop élevé. « Les études prouvent qu'un tel suivi permet à un asthmatique d'abaisser le stade de sévérité de sa maladie.

Sont ainsi réduits les symptômes, les hospitalisations, les traitements et même l'absentéisme au travail », rapporte Martine Ott, présidente de CMEI France. En pratique, le site cmei-france.fr liste les conseillers habitat santé du territoire. Il est précisé si leur intervention est prise en charge (par une collectivité, la Caisse d'allocations familiales, l'Agence régionale de santé…) ou payante (jusqu'à 400 € sans analyses).

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